En tant que membre de l’association, j’essaie de partager et débattre des convictions de l’AFCIA à chaque fois que j’en ai l’occasion. La lecture récente du livre HYPNOCRATIE de Jianwei Xun aux éditions PHILOSOPHIES MAGAZINE ÉDITEUR, m’a aidé à comprendre certaines des difficultés que je rencontre dans ce dialogue et je trouve intéressant d’en témoigner ici.

Tout d’abord le livre.

L’AFCIA, comme tant d’autres, dénonce les dangers que fait peser l’IA sur la Démocratie. Vous trouverez nos arguments au fil des pages de ce site. Difficile cependant de dire à quoi la Démocratie pourrait faire place à cause du concours de l’IA. C’est le propos de ce livre où, sous l’angle philosophique et sociologique, l’auteur développe la théorie selon laquelle nous sommes dans un régime d’Hypnocratie volontairement instauré et maintenu. Bien que l’Hypnocratie s’installe de plus longue date, l’IA joue maintenant un rôle crucial dans l’avènement de l’Hypnocratie car elle seule permet la génération d’un flux permanent d’images et d’informations hyper personnalisées qui nous maintient, selon l’auteur, dans une sorte de transe. Cet aspect est largement développé dans le livre.

Mais l’IA intervient à un autre titre dans ce livre. Je ne divulgue rien car c’est maintenant bien documenté et je le savais avant de lire mais en lisant la postface, on apprend que l’auteur supposé est en fait un auteur fictif créé à l’aide de l’IA et que l’auteur réel, le philosophe italien Andrea Colamedici, a utilisé largement l’IA pour dialoguer sur l’Hypnocratie et approfondir ses analyses pour écrire le livre.

Sa conclusion est qu’il serait vain de lutter contre l’Hypnocratie (et donc l’IA) mais qu’il faut pouvoir s’en extraire. Il faut être dedans et en dehors. Un peu comme un rêve permet de s’extraire de la réalité.

Ce n’est pas, à proprement parlé, un livre sur l’IA mais il permet de questionner son impact sur la Démocratie et surtout de comprendre que l’IA elle-même est consciente des dangers qu’elle fait courir. Une raison de plus pour ouvrir les yeux !

Là où la philosophie de ce livre s’invite dans mon dialogue de terrain.

Mais revenons aux difficultés que je rencontre sur le terrain. Très récemment, j’ai participé à une conférence débat sur le thème, « Écrire un livre entre passion, obstacles et intelligence artificielle » par un groupement d’auteurs Normands. L’animateur y a développé l’idée que l’IA est le partenaire de l’auteur. En fait comme Andrea Colamedici l’a fait pour HYPNOCRATIE. Mais là où Andrea Colamedici utilise l’IA de façon très lucide (pour, en quelque sorte, dénoncer l’IA), les auteurs Normands en restent au premier degré, et ils m’ont pris pour un dangereux activiste ou complotiste quand je suis intervenu pour partager la vision de l’AFCIA. Je constate encore une fois que les arguments reposants sur des faits objectifs n’ont pas de portée. Et bien c’est sur ce point que l’auteur d’HYPNOCRATIE, nous dit que le fact-checking n’est plus d’utilité. Que nous ne sommes pas uniquement en présence de faits alternatifs mais de toute une réalité alternative (ou plutôt d’une multitude de réalités alternatives).

Mieux vaut le savoir. La leçon que je retiens est qu’il faut trouver une intersection entre ces réalités parallèles avant de débattre.