L’IA illégitime

Le désir prométhéen (ou plutôt shelleyen) de créer une IA découle de l’illusion selon laquelle la technologie (plutôt que la politique, l’instruction ou la méditation par exemple) est seule en mesure d’améliorer la condition humaine : c’est le « technologisme ».

Cette conviction est une absurdité. La technologie n’a jamais réellement fait progresser la condition humaine, ce sont surtout les progrès de la politique, du droit et de l’éducation qui ont permis (en s’appuyant certes sur le progrès technique) d’améliorer, quoique de manière imparfaite et mal répartie, le sort des hommes.

On voit mal comment le remplacement de l’homme par des machines plus performantes pourrait améliorer la condition humaine. Tout au plus aperçoit-on comment cette évolution pourrait aboutir à la dissolution pure et simple du concept d’humain, après avoir provoqué le désespoir existentiel des dernières générations humaines.

Au profit de quoi ? Si c’était d’un ordre nouveau, fondé sur une communauté d’organismes plus intelligents (ou même d’un seul super-organisme parvenu à la science et au contrôle universels), on pourrait se dire que ce n’est pas si grave… à condition d’être un grand misanthrope doublé d’un grand masochiste. Mais il est beaucoup plus probable que l’évolution donne lieu à un monde totalement chaotique où tous les organismes vivants s’opposent dans une compétition toujours plus effrénée pour s’affranchir de leurs conditionnements physiques.

Le chaos, terre promise à l’humanité par l’IA ? NON MERCI !!

Peut-on laisser les enthousiastes poursuivre leurs visées inconscientes et rester à l’écart ?

Non car les « enthousiastes » qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez menacent la vie et même la survie de tous les autres, y compris ceux qui choisiraient de ne pas s’associer à leur frénésie.

Par conséquent, les promoteurs de l’IA sont illégitimes et outrepassent sérieusement leurs droits en tant que commensaux de la planète Terre, lorsqu’ils poursuivent leurs expériences.