« L’Homme diminué par l’IA » : Marius Bertolucci jette un pavé dans la mare

Dans un essai qui vient de paraître aux éditions Hermann, Marius Bertolucci, maître de conférences en management à l’Université d’Aix-Marseille, décortique les effets d’une présence de plus en plus massive de l’IA dans la vie des hommes.

Un constat s’impose d’emblée : les capacités spectaculaires des IA, leur progression foudroyante, qui déconcertent et surprennent les meilleurs experts, façonnent un nouveau monde radicalement étranger aux hommes et aux idées du XX ème siècle. Comme le déclare l’auteur dans son introduction:

Les concepts anté-numériques sont bien incapables d’appréhender la violence du déferlement algorithmique sur les individus et les sociétés. Il s’agira donc de développer des clés de compréhension face à cette mutation.

L’Homme contemporain, et tout particulièrement celui de la génération numérique qui baigne dans les écrans depuis son plus jeune âge, se transforme petit à petit en ce que Bertolucci propose d’appeler un « cybcog », ce que l’on pourrait traduire par une « conscience cybernétique ».

Cerné par les algorithmes qui le surveillent, le nourrissent, prédisent son comportement dans le moindre détail, filtrent du monde extérieur ce qu’ils lui laissent parvenir, l’individu est désormais piloté par la machine.

L’Intelligence Artificielle, dominant l’homme dans l’analyse, le traitement des données et depuis peu la création intellectuelle et artistique, l’empêche en outre de forger sa propre identité en monopolisant son attention par des stimuli permanents.

Loin de bénéficier de l’assistance des IA pour se grandir, comme le prétendent les technophiles patentés et stipendiés, le « cybcog » est un être diminué en voie de machinisation mentale. Il ne représente plus, pour l’IA et pour les autres, qu’un flux de données.

Si les catégories de Citoyen, d’Homme, de Sujet et d’Individu sont de fait effacés, il est à craindre que les protections accordées par ces catégories s’évanouissent, emportant avec elles les fondements de notre civilisation.

Le livre de Mario Bertolucci, foisonnant d’observations précises et de références récentes, puise dans une documentation impressionnante où voisinent et se font écho études scientifiques, articles de presse économique, essais philosophiques et œuvres littéraires.

Brillamment écrit et solidement étayé, il a vocation à ouvrir les yeux des optimistes les plus béats.


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1 Comment

  1. Un grand merci à l’AFCIA pour cette recensions de mon livre. Je suis à votre disposition pour en discuter !

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