3/04/17 – Elon Musk et les mystificateurs de l’IA

Dans un rapport du 14 mars 2017 sur l’Intelligence Artificielle, le bureau de veille technologique du Parlement (OPECST) avance quinze propositions concernant l’Intelligence Artificielle.

Ces mesures résultent de l’enquête réalisée par la sénatrice Dominique Gillot et le député Claude de Ganay auprès d’un panel de spécialistes en 2016 et 2017, et à laquelle l’AFCIA a participé.

Que préconisent nos parlementaires pour parvenir à l’objectif d’une IA « maîtrisée, utile et démystifiée ? »

 

Une démarche timide et encore trop consensuelle …

Bien entendu, on cherchera en vain une remise en question de l’IA elle-même. On ne peut en effet pas attendre de la part de nos élus une prise de position critique à l’égard d’une tendance dans laquelle se ruent tous les acteurs économiques. Pas question d’apparaître comme susceptibles de freiner la marche vers le Saint-Graal de la croissance !

Il en résulte des formules prudentes qui ne manquent parfois ni d’incohérence ni même d’humour :

Pour une IA maîtrisée, il faut se garder… d’une contrainte juridique trop forte. Ce serait en effet dommage d’essayer de maîtriser.

Favoriser (comment ?) des algorithmes et des robots sûrs, transparents et justes. Par exemple, un drône tueur juste est un drône qui ne tue que les méchants ?

Former et sensibiliser le grand public aux conséquences pratiques de l’IA et de la robotisation. A quel moment ? Avant ou après leur licenciement ?

Etre vigilant sur les usages spectaculaires et alarmistes du concept d’IA. Comment ? En empêchant la presse de nous avertir qu’Elon Musk veut nous implanter des puces dans le cerveau ?

 

… mais une démarche dans la bonne direction !

Il serait toutefois injuste de ne pas saluer la prise de conscience de la dimension éthique de l’IA dans ces travaux du Parlement.

En particulier le projet d’un Institut National de l’Ethique de l’IA nous semble une initiative judicieuse, à condition bien entendu qu’il soit ouvert à d’autres sensibilités que celles des chercheurs en IA et des entreprises numériques. Le but d’un tel Institut étant en effet de structurer la relation entre le pôle des développeurs de l’IA et le reste de la société civile, il importe que celle-ci y soit représentée. Enfin, cet Institut devrait en tout état de cause rester sous tutelle du Parlement, et sous contrôle démocratique.

Cependant, comme le font remarquer les rapporteurs, c’est au plan international que devrait se jouer le débat éthique sur l’IA, susceptible d’aboutir à une charte ou à une réglementation quelque peu contraignante. L’une des premières missions de l’Institut National de l’Ethique de l’IA devrait être par conséquent de mettre en place un organisme international équivalent au sein de l’ONU.