Le coût de l’hyperconnexion

Cet article vient d’être publié par le Mouvement OFF, animé par notre partenaire Diego Hildago. Nous en reproduisons ici quelques extraits avec son autorisation, la version complète est disponible ici.


Que faut-il qu’il se produise pour que nous agissions vraiment contre l’hyperconnexion et ses conséquences destructrices sur la société ? 

Bien que nous disposions de données abondantes sur les dommages provoqués par une numérisation hors-de-contrôle, les politiques destinées à réinventer le bouton OFF (c’est-à-dire, à mieux délimiter la place de la technologie dans nos vies) sont souvent trop lentes, tièdes et subissent parfois des aléas – d’où le sens de notre lutte. 

Charlie Munger – le bras droit du célèbre financier Warren Buffet – disait : « Montrez-moi où est l’incitation et je vous montrerai le résultat. » Alors quelles pourraient être les incitations suffisantes pour que le statu quo change radicalement ? 

Incitations économiques 

Selon une étude de la Direction Générale du Trésor publiée ce mois-ci, les plateformes de l’économie de l’attention coûtent déjà 0,6  points de PIB (Produit Intérieur Brut) à la France, chiffre qui pourrait atteindre les 3 points dans les prochaines décennies. 


En ce qui concerne la perte de temps productif, selon Pew Research, 77% des employés américains consultent leurs réseaux sociaux au travail (84% dans le cas des 18-34 ans), principalement pour « prendre une pause mentale ». Ces chiffres augmentent d’année en année et ne constituent qu’une petit partie de l’impact de ces plateformes sur la productivité. 

Une étude de 2019 estimait déjà le coût des distractions causées par les réseaux sociaux pour l’économie américaine à 650 milliards de dollars par an – et cela, à l’ère pré-TikTok

En ce qui concerne le déclin cognitif, on constate déjà partout à partir des années 2010 un déclin des capacités de compréhension de l’écrit et du calcul chez les adultes.

Une étude du MIT prépubliée en juin a montré comment les étudiants qui travaillaient avec ChatGPT voyaient leur rendement cognitif diminuer de 55% par rapport aux autres.

Certes, l’échantillon était réduit, le protocole imparfait, etc. mais la tendance globale pointe vers une détérioration généralisée de la capacité à traiter l’information, que ce soit numérique ou textuelle, aussi bien chez les adultes que chez les mineurs. 

En ce qui concerne la Santé mentale, l’étude du Trésor ne prend pas en compte les coûts globaux pour la société.

En Espagne, un rapport de CyberGuardians a montré : 

  • Une augmentation de 300% des coûts associés aux problèmes de santé mentale chez les moins de 20 ans entre 1997 et 2022, en particulier à partir de 2012. 
  • Une relation causale entre hyperconnexion et détérioration de la santé mentale

Tout ceci s’est produit avant que l’IA ne nous inonde avec d’assistants extrêmement addictifs qui deviennent les principaux confidents d’une partie croissant de la population. Les conséquences de ce phénomène sur la santé mentale pourraient être encore plus graves qu’avec les réseaux sociaux. Ou peut-être est-ce déjà le cas…

Des solutions faciles et peu coûteuses 

Il existe cependant un consensus croissant (au moins au niveau scientifique) sur les bénéfices de réinventer le bouton OFF, qui a largement disparu de la technologie qui nous entoure. L’une d’elle a trait à l’interdiction des smartphones dans les écoles

Même si cela paraissait évident, les premières études randomisées avec groupe de contrôle, qui permettent de tirer des conclusions scientifiques, sont sans appel : interdire le smartphone à l’école entraîne des bénéfices nets en termes de bien-être et d’apprentissage. 

Le fait que la première étude à grande échelle de ce type, réalisée en Inde sur 17.000 élèves, ait fait la couverture de The Economist ce mois-ci, montre que cela n’intéresse pas que les médecins et les spécialistes de l’éducation. Il existe des raisons de plus en plus puissantes pour délimiter plus rationnellement le lieu que la technologie occupe dans nos vies. Mieux encore :  

« Interdire le smartphone est une mesure facile à mettre en place, qui ne requiert aucune formation et très peu ou pas d’investissement. Le plus important ? Les élèves perçoivent l’utilité de cette mesure. » 

Voici un exemple simple qui illustre comment on peut réinventer le bouton OFF. 


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