7/03/18 – « Cher Cédric Villani, je t’écris pour te dire …

… que ton interview dans L’OBS de cette semaine (1er mars 2018) m’a convaincu de ta clairvoyance au sujet de l’Intelligence Artificielle. C’est bien le moins qu’on pouvait attendre de la part de quelqu’un capable d’apprivoiser la lumière (tu me diras comment tu fais, parce que moi ça fait trois fois que je me brûle les doigts avec des allumettes) !

J’ai bien l’intention de m’inspirer de tes propos pour mon TPE de physique+économie (ah oui, j’ai oublié de te préciser que je suis élève en Première). Voici les extraits que je préfère :

Sur la diffusion de l’IA

L’IA sera partout, comme l’électricité.

Youpi ! Je me réjouis par avance d’être entouré d’yeux et d’oreilles partout où j’irai. Nos ancêtres animistes croyaient que le monde était plein d’esprits, la technologie va leur donner raison !

 

Sur l’explosion de l’IA et le progrès fulgurant de la puissance de calcul informatique 

Tout le monde a été pris par surprise. La puissance de calcul a joué, ainsi que les progrès en mathématique algorithmique. Les gigantesques bases de données ont donné un nouvel envol aux méthodes d’apprentissage « statistique », qui permettent aux machines d’apprendre à partir d’exemples. Encore plus inattendu : les « réseaux de neurones », qu’on croyait morts et enterrés, ont montré que finalement ils fonctionnaient. Il a suffi de quelques années pour qu’on change complètement d’opinion à leur sujet. Il n’y a pas beaucoup de coups de théâtre comme ça dans le domaine de l’informatique. Cette nouvelle donne de l’IA a tout bousculé, dans les applications comme dans les sciences.

Non Cédric ! Ne me dis pas que toi aussi tu as été surpris ! Tu aurais donc complètement changé d’avis ? Heureusement, ce sera bien la dernière fois. Désormais, je suis sûr que toutes tes prédictions se réaliseront, et tu ne seras plus jamais pris en défaut, notamment quand tu dis que la naissance d’une IA forte menaçant à terme l’existence même de l’humanité, c’est « de la science-fiction ! » et quand tu dis que « la conscience, l’autonomie et même le simple bon sens sont très très loin de ce que l’IA sait faire » et aussi quand tu dis qu’ « il y a des pièges et des dangers dans l’IA, mais ils ne sont pas là.»

 

Des vies sauvées par milliers !

Il ne fait pas de doute pour moi que des vies seront sauvées par l’IA. […] Parmi nos interlocuteurs dans l’administration, ceux du ministère de la Défense étaient les plus convaincus de l’urgence de l’IA.

Tu sais Cédric, c’est sans doute parce qu’ils savent que les Etats belliqueux et les terroristes (cyber ou non) ont la ferme intention d’utiliser l’IA pour sauver des vies, et qu’ils ne veulent pas être en reste.

 

De nouveaux métiers en émergence

Concepteur et vérificateur de base de données, par exemple, car la qualité des données sur lesquelles on éduque un système informatique est fondamentale. […] Il va aussi y avoir des métiers liés à la bonne ergonomie, au partage des rôles entre l’employé et l’algorithme. Il va certainement apparaître toutes sortes de métiers liés aux tests, au développement, à l’accompagnement de la transformation pas l’IA. […] Ensuite, au fur et à mesure que l’on automatise, il y a une autre catégorie de métiers – notamment dans l’éducation, dans la santé, le soin aux personnes âgées – où l’on aura besoin de qualités vraiment humaines, de lien social, de relation, d’empathie… Problème : personne ne sait à quelle vitesse cette mutation va s’effectuer.

Génial ! J’ai toujours rêvé de devenir éducateur de système informatique ! Mais sinon, je veux bien être ergonomiste-entremetteur pour humains et algorithmes, ou bien accompagnateur-testeur pour entreprise en voie de transformation. Et que l’on ne me dise pas que ce sont des métiers « à la con » ! Rien n’est plus noble que le métier de mouche du coche numérique, car comme tu le dis si bien, Cédric, « de toute façon, on a besoin de travail pour se réaliser, se sentir utile. »

Quant à ma petite sœur, elle préfère mettre en pratique ses qualités vraiment humaines avec des personnes âgées, elle veut devenir infirmière. Le problème c’est qu’elle est moins patiente avec les vieux qu’un robot ! Se pourrait-il que les robots aient plus de talent pour les qualités humaines que les hommes ?

 

Voilà, j’espère que ton rapport définitif va sortir bientôt, j’en aurai besoin pour terminer mon TPE. En attendant, je me plonge dans la lecture (rébarbative, celle-là) d’un rapport écrit par de vrais rabat-joie : « The Malicious Use of Artificial Intelligence »! (De l’Usage Malveillant de l’Intelligence Artificielle). Figure-toi que ces cocos-là me feraient presque flipper si je n’avais pas lu ton interview !

Alexandre, 1ère ES 8, Lycée Lepoil d’Enlbon, Sens

 

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