Les 10 et 11 février 2025, la France accueillera le 3ème Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle, réunissant au Grand Palais à Paris, chefs d’État et de gouvernements, ainsi que des personnalités du monde de la tech. Il fait suite aux précédents sommets de Bletchley Park (novembre 2023) et de Séoul (mai 2024), qui avaient alerté sur les risques graves que le développement de l’IA sans contrôle fait peser sur l’humanité, la démocratie et les droits humains (voir notre article précédent), sans déboucher sur aucune mesure concrète de régulation, sinon un appel à la régulation volontaire. Autant dire rien dans le contexte actuel de concurrence forcenée entre géants de la tech et entre superpuissances militaires. Ce nouveau sommet, organisé par Emmanuel Macron, qui est parfois apparu comme le porte-parole des intérêts de la grande technologie auprès de l’UE, se veut beaucoup plus ambitieux.
Il annonce que « la révolution de l’IA s’apprête à transformer les emplois, l’éducation, la culture, les économies à travers le monde, ce Sommet se concentrera sur des actions concrètes pour garantir que le développement et le déploiement de l’IA se fera au bénéfice de nos sociétés, de nos économies et de l’environnement et ce, dans l’intérêt général et le respect du bien commun. »
On remarque cependant que la mention des risques et dangers de l’IA a déjà pratiquement disparu du vocabulaire, au profit d’un vague « intérêt général ». Certes, un des thèmes abordés sera celui de la gouvernance mondiale. Mais les ambitions restent très vagues, voir minimalistes : « Depuis 2019, plusieurs dizaines d’initiatives en tout genre ont été lancées par des États, des organisations internationales et régionales, des coalitions d’entreprises et la société civile afin d’encadrer le développement de l’IA et de ses usages. Cette tendance pose un risque majeur de fragmentation ; celui de faire émerger des cadres de gouvernance multiples et divergents, des conversations parallèles non coordonnées et des préférences collectives différentes, ce qui obérerait la capacité d’innovation et le développement de l’intelligence artificielle pour le bien de tous. »
En somme, la régulation (même désordonnée) est plutôt perçue par les instigateurs du Sommet comme un risque majeur pour le développement de l’IA !
« Dans ce contexte, le Sommet pour l’Action sur l’IA a pour ambition de bâtir un consensus international sur un socle commun de gouvernance internationale de l’IA. Cette architecture mondiale, définie collectivement, prendra en compte les initiatives existantes afin de promouvoir à l’échelle internationale :
- La recherche permanente d’un consensus scientifique robuste sur le développement des technologies d’IA, ses usages et ses conséquences sur nos sociétés ;
- Un cadre permettant la création de solutions ouvertes et de normes techniques et d’audit interopérables ;
- La convergence de standards et de politiques publiques propres à l’IA. »
On peut se demander d’où viendra le consensus scientifique, dans la mesure où aucune initiative pour mettre en place l’équivalent du GIEC sur l’IA n’a été jusqu’à présent proposée. L’appel à des « solutions ouvertes et des normes techniques et d’audit interopérables » évoque d’ailleurs plus le langage d’un groupe industriel que celui d’un gouvernement soucieux des intérêts et droits de ses citoyens.
Bref, si l’on attendait de la France qu’elle prenne la tête d’un mouvement pour une gouvernance mondiale sérieuse, passant par un traité international sur le développement et les usages de l’IA, et par la création d’une Agence internationale de l’IA , sur le modèle de celle vouée à l’Energie Atomique (AIEA), on risquerait fort d’être déçu !
Tandis que, dans ce contexte, plusieurs associations appellent à organiser un contre-sommet, l’AFCIA, la première et à ce jour encore la seule organisation au monde à exprimer une critique fondamentale et argumentée concernant l’IA, tiendra ses assises le lundi 10 Février 2025 à l’occasion d’une soirée-débat au sein d’une Grande Ecole d’ingénieurs parisienne.
Pour en savoir plus, contactez-nous à : afcia.association@gmail.com
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